Jeudi 29 avril s’est tenue la troisième conférence débat « Transition écologique et enjeux climatiques et environnementaux » de l’unité de recherche Smart and Sustainable Cities, animée par Fateh Belaïd. Cette rencontre fut l’occasion d’aborder les enjeux et les déterminants de la demande énergétique dans le résidentiel.
Le bâtiment est un enjeu majeur pour la transition énergétique puisqu’il est à la fois le secteur qui consomme le plus d’énergie et qui comporte le potentiel le plus important en terme d’économie d’énergie. En France, ce secteur représente 44% de l’énergie finale consommée. Le secteur résidentiel est le second secteur consommateur d’énergie après le transport (41 Mtep en 2019, chiffre clés de l’énergie). En termes d’économie d’énergie, selon le dernier rapport de l’IAE, 80% du potentiel n’est pas encore atteint tandis que 20 à 30% est réalisable sans aucune contrainte technique.
Ainsi, en raison des questions urgentes que sont la lutte contre le changement climatique, le renforcement de la transition énergétique et l’amélioration de la sécurité énergétique, ce secteur a été placé au centre des politiques énergétiques en raison de son important potentiel d’économies d’énergie, réalisable grâce à des investissements dans l’efficacité énergétique.
C’est dans ce contexte qu’Hervé Barry a introduit le concept de sociotechnique de l’énergie. Telle qu’elle est vécue par les occupants de bâtiments, elle est une problématique centrale de la sociologie de l’énergie. A travers une hiérarchie des facteurs explicatifs de la demande énergétique, Hervé a révélé que les aspects techniques des bâtiments sont les plus importants, comme la surface de chauffage ou la qualité de l’isolation. Les aspects sociaux des occupants n’apparaissent que secondairement. Viennent en dernière position les préoccupations environnementales, les manières de consommer, soulignant l’importance de ce que les sociologues appellent « l’habitus ».
Les caractéristiques individuelles et comportementales sont en effet des paramètres complexes qui influencent la demande énergétique des ménages. Les approches mêlant sociologie et économique et qui intègrent les comportements des agents, sont relativement récentes. Camille Massié a ainsi présenté un article coécrit avec Fateh Belaïd et Christophe Rault (Université d’Orléans) qui mène une analyse en cycle de vie de la consommation d’électricité des ménages français. Sur la base de trois Enquêtes Logements de l’INSEE, couvrant la période 2006-2016, cette étude révèle que la consommation résidentielle d’électricité suit une distribution en forme de U inversé en fonction de l’âge. Plus précisément, il apparaît que les ménages au milieu de leur cycle de vie sont relativement les plus gros consommateurs d’électricité. Ce résultat est en lien avec la théorie du cycle de vie qui postule que la relation entre âge et consommation énergétique devient négative à partir du moment où les enfants quittent le nid familial. Les estimations obtenues sont en lien avec les trajectoires familiales et les dynamiques démographiques en France.